L’Agglomération est notamment opérateur sur le site Natura 2000 « Têtes de bassin du Blavet et de l’Hyères » qui s’étend de Plourac’h jusqu’à Saint-Nicolas-du-Pélem. Ces actions bénéficient de financements de la Région et de l’Europe (FEDER) et sont menées en partenariat avec la Communauté de communes du Kreiz Breizh puisque 40% du site est sur ce territoire. Ce site Natura 2000 accueille une biodiversité riche, singulière et typique du centre Bretagne et abrite notamment un papillon en danger d’extinction en Bretagne, le damier de la Succise.
Ce papillon se reproduit presque uniquement en présence d’une seule plante, la succise des prés, sur laquelle il va pondre ses œufs et dont ses chenilles se régaleront pendant leur développement avant leur métamorphose et l’émergence du papillon.
On ne trouve cette plante que dans des milieux naturels très pauvres en nourriture pour les plantes : landes de bruyères, certaines prairies humides voir des bords de chemins forestiers.
Les prairies humides oligotrophes (pauvres en nutriments) sont idéales parce qu’elles offrent les conditions de développement de la succise des prés mais également de nombreuses fleurs à butiner pour le damier.
Cette spécialisation du damier à sa plante-hôte est un phénomène courant chez les papillons mais cela fragilise la conservation de l’espèce. La succise des prés est en effet de moins en moins abondante parce que beaucoup de prairies humides ou de landes pauvres ont disparu du fait de l’arrêt des pratiques agricoles (fauche ou pâturage), laissant la place naturellement à un bois de saules ou de bouleaux. Certaines ont aussi été plantées ou mises en culture suite à un drainage et un apport de fertilisants. Ce sont les causes principales de disparition de l’espèce.
Le site Natura 2000 « Têtes de bassin du Blavet et de l’Hyères » est un site de zones de sources qui est resté très riche en prairies humides oligotrophes et en landes humides grâce au travail des agriculteurs qui poursuivent des pratiques agropastorales malgré la faible rentabilité de ce type de milieux.
Pour soutenir financièrement ces pratiques et éviter leur abandon, l’Agglomération propose aux agriculteurs des mesures agroenvironnementales et climatiques, les MAEC, un dispositif de la PAC qui apporte une rémunération à l’exploitant en contrepartie du respect du cahier des charges (fauche tardive, pas de pesticides, pas de fertilisation).
David Le Bris est engagé dans ces contrats depuis 2021 et vient de le renouveler pour une durée de 5 ans en 2023 sur une surface de 15ha. Il est accompagné dans ces pratiques par le technicien de l’Agglomération qui lui a conseillé d’espacer les fauches tous les 2 à 3 ans pour garantir la bonne réussite de la reproduction du papillon. Pour l’aider dans ces pratiques peu rémunératrices, il bénéficie d’un soutien d’environ 3 000€ par an de l’Union Européenne et de l’État.
Grâce à ces efforts collectifs, le damier de la succise est encore bien présent sur le site Natura 2000 et il constitue même un vrai bastion de l’espèce en Bretagne avec les Monts d’Arrée.
Chaque année, le technicien de l’Agglomération prospecte le territoire pour essayer de découvrir de nouvelles prairies où le damier de la Succise est encore présent. Et chaque mois de septembre, il va compter les nids, accrochés aux feuilles et tiges des Succises, dans lesquels les chenilles ont commencé leur développement. Une quarantaine de prairies sont ainsi observées depuis 2020. Comme pour beaucoup d’insectes et pour des raisons climatiques notamment, les résultats varient beaucoup d’une année à l’autre. Espérons qu’en 2024, le résultat de 600 nids comptabilisés sera battu, preuve d’un bon état de conservation de l’espèce.