Du Vendredi 9 décembre au 12 Mar 2023
Centre d'art GwinZegal

Exposition – Initium Maris, Paysages immergés

Ouvert du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h 30 / Entrée libre

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NICOLAS FLOC’H,
INITIUM MARIS,
PAYSAGES IMMERGÉS

À quoi peut bien penser cet humain, face à ce paysage paré de tous les prestiges
de l’imaginaire ? Devant l’horizon scindant par le milieu la silhouette infinie qui
sépare le ciel de la mer, aux quatre coins du monde, il marche vers elle, drainé par
un magnétisme mystérieux. Se rappelle-t-il naïvement les conditions originelles de
la possibilité du vivant, par l’existence de l’eau, cet élément qui différencie la Terre
des autres astres du système solaire − ou se trouve-t-il simplement face à lui-même
ou son double, devant l’immensité, en réconciliation avec les premiers hommes,
dans une intimité retrouvée de réalités plus grandes que lui ? À l’ouest, rien de
nouveau : sur Terre, l’homme est allé partout, surpuissant, il a tout découvert, tout
cartographié, il en a fait proliférer les images, il y a puisé des ressources. Sous la
mer, nos représentations sont plus déficientes. À quelques mètres de profondeur
ou dans les grands fonds, la plus grande partie de la planète reste faiblement
documentée, et la construction des représentations que nous en avons, souvent
stéréotypées et naïves, a été largement déléguée à nos fantasmes. Nicolas Floc’h
n’est ni un aventurier, ni un explorateur. Marin pêcheur à l’âge de 17 ans, puis
artiste, il a fait progressivement de la représentation du monde sous-marin le
cœur de son œuvre. S’il travaille souvent en collaboration avec des scientifiques,
c’est bien dans le champ de l’art qu’il s’inscrit : son but n’est pas d’annihiler ou
de mettre à plat notre imaginaire et ses mythologies, mais de les étendre. Ses
images en noir et blanc, en plan large, rappellent davantage celles des canyons du
Colorado produites par les pionniers du paysage et de la photographie de l’Ouest
américain à la fin du 19e siècle, que les images colorées centrées sur une faune
exotique, produites et diffusées par les scientifiques et les médias de masse. Les
photographies de Nicolas Floc’h, réalisées en lumière naturelle, dessinent − comme
s’il fallait recommencer du début le tracé de cet imaginaire à construire. Et si ses
études de la typologie des paysages l’emmènent dans le monde entier, c’est en
Bretagne qu’il a entrepris le plus grand nombre de prises de vues et de plongées :
en apnée ou en plongée bouteille, dans 70 sites de Saint-Nazaire à Saint-Malo. Le
vocabulaire se fait lui aussi poétique : forêts d’algues, tapis d’anémones, colonies
d’étoiles de mer, étendues de laminaires, gorgones… Il nous laisserait volontiers
dans un état méditatif, si ne se rappelait pas à nous la dimension politique de ce
travail, et, en trame, l’urgence à décrire ces paysages en mutation constante sous
la pression inquiétante des activités humaines. Les effets de celles-ci, conjugués à
ceux du changement climatique sont palpables au fond des abysses comme sur le
littoral − le glissement des écosystèmes est six fois plus rapide dans l’océan que sur
la terre. La moitié de l’oxygène nécessaire au vivant provient des phytoplanctons
et des organismes microscopiques unicellulaires présents dans les océans. L’eau est
le mot clé de la vie. Les artistes se sont attachés depuis les années 70 à représenter
les paysages terrestres − dans leurs nouvelles topographies − confrontés à la
complexité de la globalisation et des lois du marché, chantres de la croyance d’une
Terre envisagée comme une ressource illimitée. Ils avaient omis de représenter les
océans, Nicolas Floc’h répare aujourd’hui cet oubli.


Ouvert du mercredi au dimanche,
de 14 h à 18 h 30 / Entrée libre
Fermé les jours fériés

En dehors de ces horaires, des visites gratuites
sont organisées pour les groupes en contactant
au préalable le centre d’art GwinZegal.
Tél. 02 96 44 27 78 / mail: info@gwinzegal.com